La pornographie est un fléau qui frappe tous les âges et toutes les classes sociales. Ses ravages sont les plus graves parmi les jeunes qui risquent une addiction dangereuse pour leurs relations sociales et une déshumanisation des rapports entre les hommes et les femmes.

You are currently viewing La pornographie est un fléau qui frappe tous les âges et toutes les classes sociales. Ses ravages sont les plus graves parmi les jeunes qui risquent une addiction dangereuse pour leurs relations sociales et une déshumanisation des rapports entre les hommes et les femmes.

La pornographie est une épidémie qui contamine toute notre société dans l’impunité la plus totale. Les médias se taisent car ils partagent les valeurs véhiculées par la pornographie et les gouvernements ne savent pas comment agir contre ce fléau qui frappe surtout les jeunes. Un point sur la question a été fait dans une intéressante tribune publiée par Breizh Infos.

Dans les sociétés traditionnelles la pornographie n’existe pas ou très peu car la sexualité est intégrée très tôt dans la vie collective. C’est le développement d’une classe oisive et de plus en plus éloignée d’une vision religieuse du monde qui a conduit à l’apparition massive de productions de caractère pornographique dès le XVIIIe siècle en Europe.

Depuis quelques temps, le piège de la pornographie, notamment pour les enfants et les adolescents, est un sujet qui commence à sortir dans les médias, encore que cela se fasse au compte-goutte et souvent noyé dans les statistiques sans forcément toucher le cœur du sujet : à savoir le cœur de nos enfants.

Le gouvernement a annoncé qu’il prenait le sujet au sérieux, nous en sommes fort aise, mais notre rôle d’éducateurs premiers nous oblige à anticiper et à prendre le taureau par les cornes même si le thème peut s’avérer délicat à aborder. Nous aimerions avoir la légèreté d’un Brassens chantant « j’suis l’pornographe du phonographe », au lieu de se laisser plomber par un sujet tirant vers le bas. Et pourtant, nous tous – en tant que parents ou simplement adultes appelés à une certaine exemplarité –, nous devons à notre rôle de sentinelles, bien obligés d’affronter du regard la ligne d’horizon, de discerner le danger et de prendre les mesures qui s’imposent.

Au XIXe siècle, une récation s’est fait jour autour d’une vision bourgeoise de la femme et a conduit à des situations étranges qui nous semblent aussi ridicules aujourd’hui que ne le seront demain les excès du féminisme contemporain qui veut, par exemple, occulter les nus dans les musées au nom du respect de la femme.

 

Envahissement de la vie des adolescents

Quelques chiffres quand même… Aujourd’hui, un enfant a en moyenne 11 ans lorsqu’il est exposé pour la première fois à du contenu pornographique en ligne. 36 % des enfants de 10 à 14 ans cherchent à accéder régulièrement à du contenu pornographique sur internet. Un sur deux en a déjà fait l’expérience au moins une fois, et 21 % des jeunes regardent des vidéos pornographiques au moins une fois par semaine. À toutes fins utiles, précisons que le téléphone portable est le support privilégié.

Il est certain qu’à l’âge de la puberté, quand le corps et l’esprit subissent tous les changements que l’on sait et que la sexualité devient un questionnement majeur, le plus facile pour une génération ultra-connectée est encore d’aller chercher des réponses sur internet. En remplacement d’un dialogue sur la sexualité parfois bancal, voire manquant, la pornographie devient pour un jeune le moyen tout trouvé de faire son apprentissage, de façon directe et sans filtre. Pas forcément à l’aise dans son corps, approcher le corps d’un autre peut s’avérer pour lui un véritable parcours du combattant. Alors quand tout est visible en direct sur internet, pourquoi se compliquer la tâche ?

L’imprimerie moderne, mais surtout la possibilité d’imprimer des photographies puis l’apparition du film, a transformé l’industrie pornographique. Des feuilles coloriées à la main qui se vendaient au compte goutte, l’industrie a publié des millions de supports papier et des milliers de films qui s’écoulaient dans un marché parallèle. Dans les années 1960, la libéralisation du commerce des produits pornographiques a bouleversé l’industrie et a jeté les bases de ce que deviendra aujourd’hui ce business.

Au même titre que la fermeture des maisons closes en 1946 a déversé les eaux de la prostitution dans l’espace public, le développement exponentiel d’un contenu pornographique gratuit et en libre-accès sur internet a permis d’envahir la sphère publique, alors que l’accessibilité à ce contenu était auparavant extrêmement restreinte. La pornographie comme la prostitution ont toujours existé et existeront sûrement toujours. Mais elles ne touchaient pas les enfants et les adolescents dans de telles proportions. En outre, se laisser aller à les fréquenter régulièrement nécessitait un choix assumé et une action visible. Acheter un magazine, rentrer dans un sex-shop, s’arranger pour être tout seul devant Canal+ un certain samedi soir, sans même parler d’« aller aux putes »… : tout cela demandait un effort, engageait. Qui peut sérieusement penser qu’un enfant de 13 ans a la maturité nécessaire pour choisir en toute liberté et sans aucune influence extérieure de regarder un film porno, qu’il trouve en 2 secondes et demi sur son téléphone portable, tout seul devant son écran ? La pornographie est subie, et ne le sera que davantage au fur et à mesure que l’addiction s’installe.

Les homosexuels ont joué un rôle clef dans le développement de l’industrie pornographique. Consommateurs acharnés de ce type de production, ils sont poussé à l’acceptation de cette production, notamment en forçant les chaîne des télévision payante à diffuser ce type de films.

La spirale de l’addiction

À l’heure où le tabac et le vin rouge sont accusés de tous les maux, arguments scientifiques à l’appui, le discours sur la pornographie, abordé principalement d’un point de vue moral, bénéficie encore d’une certaine complaisance et ceux qui la montrent du doigt passent vite pour des réacs coincés. Dans une société aux valeurs en déliquescence, relativiser est chose tellement facile. Un p’tit porn, où est le mal ? À tout relativiser, on finit par banaliser. Difficile ensuite de revenir en arrière, notamment lorsque l’on a grandi avec. Imaginer le décalage qui existera assurément dans un jeune couple entre l’un qui aura fait ses classes en termes de pornographie et l’autre qui sera passé entre les mailles du filet laisse déjà à penser, et pourtant ce n’est que l’un des aspects du danger qui menace les générations touchées.

Car l’addiction à la pornographie est réelle, prouvée et… dévastatrice. Comme pour toute addiction, elle commence par un simple attrait suivi d’un plaisir immédiat. Mais comme pour toute addiction, les stimuli qui en premier lieu avaient apporté tant de satisfaction vont bientôt perdre de leur efficacité, et il va falloir augmenter la dose. D’où la spirale infernale vers toujours plus, que ce soit en quantité, ou en « qualité » – comprendre de plus en plus trash… Sans compter qu’il n’y a même pas à se soucier d’aller acheter des bouteilles d’alcool au supermarché du coin ou de trouver un dealer : c’est gratuit et en libre-service 24h/24 !

L’apparition d’internet a changé la donne. Les matériaux qui n’étaient autrefois qu’accessibles par un acte marchand, achat d’un magazine ou d’un support vidéo, sont mis à la disposition de tous gratuitement.

De manière générale, et en dehors de la simple population des jeunes, la dépendance au « cybersex » entraîne une honte énorme et une impossibilité d’en parler. Non seulement parce que l’accro peut se rendre compte de son addiction et culpabiliser, comme c’est le cas pour n’importe quelle drogue (et une fois consommée la phase de déni commune à tous les processus de dépendance). Mais aussi parce que le cas particulier de la pornographie fait directement (et insidieusement) entrer le sujet dans une logique de performance et de comparaison physique : raisonnement en termes quantitatifs sur le nombre d’orgasmes, leur durée, etc. Le virtuel entre en compétition avec le réel, l’individu se satisfaisant de moins en moins du réel qui le met en échec systématiquement en ne lui montrant que limites et frustrations.

La frontière entre les deux mondes s’estompe. C’est l’effet télé-réalité puissance mille. On est loin de l’abandon amoureux et du plaisir donné librement… Autant dire que l’estime de soi en prend un sacré coup et que l’isolement est de plus en plus marqué. Ce qui ne fait qu’accélérer la descente aux enfers vers la dépression, voire le suicide (chez les adolescents, la consommation de pornographie multiplie par 3 le nombre de tentatives de suicide). À noter également que 56 % des divorces seraient dus à la consommation de pornographie par l’un des conjoints. Quand le plaisir sans culpabilité vécu dans une relation normale et réelle se transforme en culpabilité sans plaisir dans un monde fictif et truqué où la relation est absente…

La sortie de secours ? L’abstinence, qui marche sur trois jambes : volonté, accompagnement, soutien.

Les téléphones portables offrent maintenant un accès illimité à des matériaux pornographiques qui peuvent être consommés en tous lieux et à toute heure. 

Et nos enfants dans tout ça ?

Le corps d’un enfant n’aspire qu’à suivre son cœur, parce qu’il est beau et qu’il porte la dignité de l’être. Toucher la laideur, c’est se laisser salir de l’intérieur. D’où l’importance de dialoguer avec les enfants, pour leur faire prendre conscience de cette beauté du corps, leur permettre de comprendre le respect qu’ils lui doivent. Cela les ancre aussi dans ce droit qu’ils ont de ne pas regarder les mêmes banalités que le reste du troupeau, et de s’autoriser un œil un peu plus averti et un peu plus concentré sur ce qui fait rêver.

La banalisation de la pornographie entraîne une dégradation du corps chez les adolescents et à la propagation de pratiques nouvelles, notamment par le biais des réseaux sociaux par lesquels les jeunes communiquent et se sociabilisent.

 

À trop aborder la sexualité de manière négative (ce qu’il ne faut pas faire) ou technique (comment les choses se font), il est facile de perdre de vue la dimension sacrée du corps. Ce dernier est pourtant ce qui nous relie au monde ; son rôle est d’exprimer l’amour et de donner la vie.

Le corps n’est ni une finalité, où seul compte le plaisir pour soi, ni une chose, que l’on peut soumettre. C’est un chemin, qui permet l’apprentissage de l’amour. La pornographie est un piège qui prive de cet apprentissage, en donnant une réponse simpliste, prête-à-consommer, à un désir brûlant de profiter de ce que la vie réserve de merveilleux dans la sexualité et dans l’amour.

Isabelle Lainé

Une association suisse, Pro juventute, ou en France Stop au porno, agissent pour lutter contre les ravages de la pornographie. Un exemple à suivre.

  • 21 % des jeunes regardent des vidéos pornographiques au moins une fois par semaine (dont 15 % des 14-17 ans), et 9 % au moins une fois par jour ; 8 % des garçons de 14-15 ans en regardent plusieurs fois par jour. À titre de comparaison, seuls 6 % des jeunes fument du cannabis au moins une fois par semaine. La même étude souligne : « Si le grand public a plutôt une bonne évaluation des comportements de consommation des jeunes, les parents d’enfants de 14 à 24 ans sous-évaluent nettement la consommation de leurs enfants » (étude portant sur Les Addictions chez les jeunes (14-24 ans), conçue pour la Fondation pour l’innovation politique et réalisée en juin 2018 par l’institut Ipsos).
  • La fonctionnalité de contrôle parental installée sur les tablettes ou smartphone montre que 22 % d’enfants de moins de 10 ans tentent régulièrement de se connecter à des sites X, 36 % des 10-14 ans et 42 % des 15-18 ans (étude BitDefender, 2016).
  • Un adolescent sur deux, y compris chez les filles, a déjà regardé au moins une vidéo pornographique. Chez les 15-17 ans, un garçon sur deux (48 %) et plus d’une fille sur trois (37 %) reconnaissent que cela a participé à leur apprentissage de la sexualité, et 44 % des ados ayant déjà des rapports sexuels déclarent avoir essayé de reproduire des pratiques vues dans des films pornographiques (sondage Ifop de mars 2017, Les adolescents et le porno, vers une « génération Youporn » ?).
  • Un enfant a en moyenne 11 ans lorsqu’il est exposé pour la première fois à du contenu pornographique en ligne (rapport Ennocence, 2016).

Des campagnes choc sont les seules qui peuvent ouvrir les yeux de nos contemporains sur les dangers de la pornographie. Ici une extraordinaire affiche de Pro Juventute.

 

Retrouvez la tribune libre d’Isabelle Laîné sur le site de Breizh infos en cliquant ici.
Découvrez l’association Pro juventute en cliquant ici.
Illustrations Libres de droit, DR ou CC via Flickr de Pro Juventute, TEDxFurmanU, torbakhopper, Michael Coghlan.