La “trêve des confineurs” est terminée : Le retour de la violence politique

Dans un dossier publié par Valeurs Actuelles le 23 mai 2020, Louis de Raguenel et Charlotte d’Ornellas reviennent sur les violences de l’ultra gauche mais aussi sur la violence dans les banlieues ainsi que la fatigue des forces de l’orde. 

Les policiers au bout du bout

Voilà plusieurs années déjà que les policiers s’expriment dans l’indifférence, épuisés par un travail toujours plus ingrat, une hiérarchie trop souvent fuyante et des menaces grandissantes. Ces dernières années, ils ont toujours répondu présent, malgré les colères et les revendications bruyantes et même si les arrêts maladie se sont parfois multipliés, pendant les manifestations des “gilets jaunes”, au cœur des grèves de l’hiver 2019, à l’heure du confinement comme lors des violences urbaines qui agitent régulièrement certaines cités sensibles.

Mais entre les vidéos incessantes, les accusations permanentes de violence, les ordres et contrordres de leur hiérarchie et la part toujours plus importante de travail administratif dans leurs missions, beaucoup se demandent comment tenir plus longtemps. Ils sont souvent victimes d’agressions, de guets-apens, parfois d’attentats islamistes, mais rien ne fait autant de bruit médiatique que les dérapages de certains de leurs collègues, qu’ils sont pourtant les premiers à dénoncer. C’est en tout cas ce qu’ils ressentent amèrement. Il y a quelques semaines, ils faisaient respecter le confinement en dépit de l’absence de matériel de protection. Ensuite, ce fut la pression sur le nombre de contrôles effectués, puis l’interdiction d’intervenir lors des violences urbaines.

« Arrivera peut-être un moment où nos hommes ne supporteront plus d'être traités comme des serpillières. »

Ils savent que le gouvernement compte sur eux en permanence et constatent pourtant un manque cruel de considération.

Les banlieues échappent à la fermeté gouvernementale alors que la guerre de territoires s’y étend. La colère des policiers, elle, grandit. Ils savent pourtant que la parenthèse du coronavirus risque de se refermer sur le début d’une crise sociale plus grave encore que celle des dernières années. Ils savent que le gouvernement compte sur eux en permanence et constatent pourtant un manque cruel de considération. Un commissaire conclut : « Arrivera peut-être un moment où nos hommes ne supporteront plus d’être traités comme des serpillières. »

L’ultra gauche toujours plus puissante

Dès le début du quinquennat d’Emmanuel Macron, en 2017, certains responsables du renseignement intérieur nous confiaient leur souhait de requalifier les actions de l’ultragauche en “préterrorisme”. Constatant l’objectif de basculer dans l’action directe, c’est-à-dire la clandestinité, ils avaient tiré la sonnette d’alarme. Sans succès.

Leurs craintes étaient pourtant fondées : depuis 2017, les incendies de casernes de gendarmerie et de véhicules des forces de l’ordre se sont multipliés. Puis, l’évacuation de la Zad de Notre-Dame-des-Landes, qui fut une véritable manœuvre militaire avec utilisation de moyens aériens et de blindés, a démontré l’aguerrissement de ces militants obsédés par la destruction de l’État. Des équipes spécialisées dans la recherche du GIGN avaient même été déployées. La nébuleuse s’est tant durcie à cette époque que deux militants sont allés jusqu’à organiser des “opérations martyrs” pour essayer de retourner l’opinion publique, l’une se dissimulant volontairement dans des herbes hautes lors d’un élagage encadré par la gendarmerie et l’autre ayant tenté de se projeter sous les roues des véhicules blindés à roue de la gendarmerie (VBRG).

Barricades à Notre-Dame-Des-Landes.

A l’occasion de la crise du Covid-19, l’ultra-gauche s’est organisée pour appeler à profiter du moment de faiblesse de l’État

La mouvance, estimée entre 3 000 et 5 000 personnes, s’est ensuite engouffrée dans le mouvement des “gilets jaunes” pour attaquer les forces de l’ordre et les institutions. À tel point qu’Emmanuel Macron a dû envisager une évacuation par hélicoptère du palais de l’Élysée, comme nous l’avons révélé début 2020. S’appuyant sur des mouvements hétérogènes, depuis des végans jusqu’à certains islamistes, l’ultragauche n’a en réalité jamais été combattue politiquement.

Conséquence : à l’occasion de la crise du Covid-19, les mêmes se sont organisés pour appeler à profiter du moment de faiblesse de l’État pour l’abattre. Une note du renseignement territorial que nous avons consultée le 7 avril le dit clairement : « Après l’appel relayé par “Lille insurgée”, un second appel à l’action directe circule sur les vecteurs de communication de la mouvance d’ultragauche, évoquant de possibles actions contre les forces de l’ordre et des sabotages sur des infrastructures de communication. »

Membres du Black bloc vandalisant des vitrines sur les Champs-Élysées le 16 mars 2019.

Les banlieues en surchauffe

Le spectre des émeutes des banlieues de 2005 a hanté et continue d’angoisser les hôtes de la Place Beauvau. Au début du confinement, dans plusieurs synthèses de police que nous avons consultées, cette crainte était écrite en toutes lettres. « Il suffit d’un incident pour que tout s’enflamme.» À tel point que certains militaires haut gradés, pourtant toujours prudents sur la possibilité d’une intervention des armées en appui de la police dans les banlieues, ont fait évoluer leur position.

Dans un courrier que nous nous sommes procuré, daté du 1er avril, adressé par le chef d’état-major de l’armée de terre (Cemat), le général Thierry Burkhard, au chef d’état-major des armées (Cema), le général François Lecointre, le ton est explicite. Ce « point de situation armée de terre, crise Covid-19 », rédigé par le Cemat, décrit les missions de son armée pendant la crise : « Un appui aux forces de l’ordre n’est pas à exclure si la situation sécuritaire le nécessitait. » Les derniers mots de sa missive de quatre pages sont aussi pour les banlieues : « Concernant les missions de sécurisation en appui des FSI [forces de sécurité intérieure, NDLR] , j’estime qu’elles ne sont pas aujourd’hui prioritaires, mais que l’ADT [armée de terre] sera en mesure de les exécuter, avec les difficultés et les risques associés si la situation venait à se durcir. »

Voiture en feu à Sèvres le 3 novembre 2005.

Le contrôle de police de Villeneuve-la-Garenne a montré à quel point un chauffard multirécidiviste pouvait passer pour une victime et même un héros de la lutte contre l’oppression dans les banlieues françaises. Dans les jours qui ont suivi cette altercation ayant provoqué un traumatisme au sein de la police, une vingtaine de “quartiers de reconquête républicaine”, présentés par le gouvernement comme des lieux devant recevoir prioritairement les aides et la fermeté de l’État, ont été autant de théâtres d’actions particulièrement violentes. Mais ce fut un paradoxe parmi ces populations majoritairement de confession musulmane, rapporte un ponte de la DGSI : « Beaucoup ont vu le Covid-19 comme une punition divine, du coup, ils se sont plutôt tenus tranquilles, même pendant le ramadan. » Il conclut : « En revanche, les braises ne sont pas moins chaudes. »

Retrouvez l’intégralité de ce dossier sur le site Valeurs Actuelles en cliquant ici.

Photos CC via Flickr de Non à l’aéroport Notre-Dame-des-Landes (pétition photos etc), Jospeee P et Intérêt limité.

Photos CC via Wikimédia Commons de Thomon et A.J.

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