La marée jaune du peuple de France en colère a frappé aux portes du pouvoir. Le président n’a pas voulu écouter ce que les Français ont à dire. La partie n’est pas finie.

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Louis Moulin, envoyé spécial de Breizh infos, a rapporté un reportage sur les événements parisiens qui rend bien compte du vécu des gilets jaunes dans la capitale.

Si les Gilets jaunes voulaient apporter la démonstration de leur force et de leur détermination multiforme, la journée de ce samedi 24 novembre aura été une réussite. L’action de milliers de manifestants déterminés au cœur de Paris aura marqué les esprits et mis en évidence le désarroi du pouvoir face à un mouvement aussi volatile qu’inorganisé. Hier les Gilets jaunes ont indubitablement gagné la bataille de l’image, essentielle dans ce type de conflit. Parallèlement le mouvement aura pu prouver aussi qu’il est en capacité d’ organiser simultanément des centaines d’événements partout dans le pays. Sans violence cette fois et avec détermination.

La journée de ce samedi 24 novembre a été marquée par d’importants épisodes d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre sur les Champs-Élysées. Étrange manifestation où quelques jeunes militants, de droite comme de gauche, unis par la même colère, ont affronté les forces de l’ordre côte à côte.

Où l’on pouvait aussi voir au milieu des gens de tous âges, venus manifester en paix et qui se sont faits gazer ou charger. Des drapeaux bretons, mais encore un espoir et salut de la France près d’une bannière noire. Des frexit et des anars. Des jeunes et des vieux.

Gérard Castaner manifestement dépassé par les évènements

Face à une manifestation protéiforme – agitée sur les Champs-Élysées , ordonnée vers 15h à la Bastille puis à Bercy, osée à midi devant le Sénat – le ministre de l’Intérieur, Gérard Castaner, et son dispositif sont apparus manifestement dépassés, jamais à la hauteur des événements. Seule la méconnaissance de la ville par des manifestants essentiellement montés de province a évité l’investissement du Sénat, mais aussi d’autres bâtiments importants qui n’étaient gardés que par des courants d’air.

Une fois de plus, les chiffres annoncés par le gouvernement – 8 000 manifestants à 15heures – semblent très au dessous de la réalité. Peut-être sur les Champs-Élysées, mais il y en avait au moins le double dans les rues autour. Sans compter ceux qui se sont rassemblés pacifiquement au Champ de Mars.

Une nouvelle forme de manifestation : la manif paratonnerre

Enfin les Gilets jaunes ont mis en pratique une nouvelle forme de manifestation : la manif paratonnerre. « Nous voulions fiche la pétoche à Macron et éloigner les casseurs », résume un Gilet jaune très investi dans le mouvement. « Pendant que le gros des CRS étaient à Paris avec les casseurs, les camarades ont eu une paix royale en Province ».

Ainsi, rien qu’en Loire-Atlantique, des blocages ont eu lieu à Nantes, Donges – dispersé le matin par des CRS -, Saint Nazaire, Pontchâteau, Guérande, Herbignac. L’ancienne sous préfecture de Saint-Nazaire a été occupée, deux zones commerciales bloquées (Atlantis et Oceane) et un péage rendu gratuit.

Une colère qui semble partie pour durer

Que conclure de cette journée, sinon que la colère exprimée par les Gilets jaunes depuis une semaine à peine semble partie pour durer. Qu’elle est difficile à résumer et impossible à classer dans les catégories politiques habituelles.

Une réalité émerge de ce mouvement : celle de la révolte d’une France périphérique, pour reprendre l’analyse du sociologue Christophe Guilluy, d’une population « desouche » où – fait notable – les femmes sont très présentes sur le terrain, qui travaille et qui peine de plus en plus à vivre correctement. Une France qui se sent déclassée, menacée dans son existence même par un pouvoir qui l’ignore et la méprise.

Face à cette révolte, le gouvernement d’Emmanuel Macron, qui représente jusqu’à la caricature la France de la mondialisation heureuse, saura-t-il trouver les mots justes et les actes qui vont avec ? Le doute semble permis.

Crédit photos : Breizh-info.com

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