En saluant le succès de Vox aux élections régionales andalouses avant la côture du scrutin, Marine Le Pen avait eu le nez creux. C’est une victoire spectaculaire que récoltent ses amis et qui change le cours de l’histoire de l’Espagne.

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Pour sa première vraie participation à un scrutin, le jeune parti patriote Vox a remporté une victoire spectaculaire. Alors que les premiers sondages lui accordaient péniblement un à trois sièges, il en récolte finalement douze avec près de 11% des suffrages.

José Antonio Ortega Lara est un ancien prisonnier espagnol qui a été enlevé par l’organisation terroriste ETA durant 532 jours entre 1996 et 1997. Il était membre du Parti populaire entre 1987 et 2008 avant de rejoindre Vox dont il est une des figures de proue.

Quand le Parti populaire, vaste formation regroupant les différentes tendances de la politique espagnole, a décidé sous la direction de son ancien président Mariano Rajoy, d’abandonner toute orientation idéologique pour se concentrer seulement sur la gestion de l’économie, le parti venait de remporter en 2011 les élections avec une majorité absolue.

La droite aurait pu  appliquer le programme pour laquelle elle avait élue. Le nouveau premier ministre décida de ne rien en faire et de trahir ses électeurs. Certes, il redressa l’économie, mais il céda aux exigences de la gauche sur tous les autres points. Seul l’économie compte était le mot d’ordre du gouvernement.

Le résultat ne s’est pas fait attendre. En 2015 puis en 2016, le Parti populaire n’a pas retrouvé la confiance de ses électeurs et a perdu la majorité avant de perdre le pouvoir en 2018 face à une coalition de la gauche, des communistes et des indépendantistes

L’autoritarisme du président Mariano Rajoy, son refus d’engager  combat avec la gauche et les communistes sur les questions de société, sa très faible défense de l’Espagne face aux nationalismes périphériques, a conduit toute une frange de militants du Parti populaire (PP) à quitter le parti pour fonder Vox, une nouvelle formation politique en 2013.

Les premiers résultats électoraux ont été décevants, entre 0,20% et 0,23% aux élections de 2015 et 2016; 1,47% aux européennes de 2014. Il s’en est suivi une traversée du désert de quatre années durant laquelle le parti s’est structuré, a bâti un programme libéral en économie, conservateur en thèmes de société, patriote concernant la défense de la nation espagnole et, pour la première fois en Espagne, critique de l’immigration.

Il faut souligner que Vox n’appartient pas à la famille des partis patriotes et populistes comme le Rassemblement national. Il se rapproche davantage de Sens commun que de ce qui fut le Front national.

La tête des responsables du parti d’extrême-gauche Podemos (Pablo Iglesias, à gauche) et des communistes d’Izquierda unida (Alberto Garzon, à droite) qui en appellent à l’éternel front « anti-fasciste », rend justice à la victoire de Vox.

Le coup de génie de Vox pour se faire connaître est de s’être devenu un des acteurs majeurs du combat judiciaire contre les dérives de l’indépendantisme catalan. Comme le permet la loi espagnole, le parti est à l’origine d’enquêtes contre des responsables politiques catalans ce que le gouvernement de Mariano Rajoy se refusait à faire. Grâce à la forte médiatisation de ces affaires et à la personnalité de leur porte-parole sur ces questions, Vox a été connu de tous les Espagnols.

En octobre 2018, en remplissant avec plus de vingt mille personne la grande salle de Vista Alegre à Madrid, ce que l’extrême-gauche de Podemos n’avait pas été en mesure de faire en dépit de l’appui des médias, Vox marquait un point crucial.

En réunissant dans la salle et en dehors près de 25 000 personnes, Vox est entré dans la cour des grands en octobre 2018.

Allaient-ils être en mesure de transformer ce succès de mobilisation en un succès politique ? La convocation d’élections régionales en Andalousie allait offrir à Vox l’opportunité que son créateur Santiago Abascal attendait.

Basque d’origine, fils d’un élu du PP persécuté par l’ETA, Santiago Abascal a été forgé par l’adversité. Il a gardé de cette période, un attachement à des principes qu’il a compris qu’on ne peut pas sacrifier sur l’autel de la gestion de l’économie.

Santiago Abascal a conduit une campagne électorale éclair, ne mettant jamais ses idées dans sa poche pour plaire aux médias. Les journalistes lui ont mené une guerre continue, dénonçant le danger de l’extrême-droite. Puis les socialistes se sont joint à la curée en dénonçant Vox qui serait un parti dangereux, qui en appellerait à la violence contre les femmes.

Le résultat ne s’est pas fait attendre. Alors même que les premiers sondages ne lui accordaient qu’un seul siège, au fil des jours on sentait l’ambiance changer en Andalousie. Quand les réunions publiques socialistes rassemblaient quatre pelés et deux tondus, celles de Vox mobilisaient des foules entières, notamment  de nombreux jeunes.

La dernière semaine de campagne, l’absence de sondages a épaissi le mystère. Les hypothèses les plus folles ont circulé, annonçant six élus pour Vox et donc la possibilité de former un groupe  au parlement régional. Finalement, à la clôture du scrutin, ce ne sont pas six élus, mais douze qui font leur entrée au parlement régional.

Pour la première fois depuis plus de quarante ans, la droite dans son ensemble devient majoritaire en Andalousie, mettant ainsi un terme à un interminable régime socialiste.

Que va-t-il se passer maintenant en Andalousie ? Nul ne le sait car le PP reste très sensible aux pressions médiatiques et les libéraux de Ciudadanos regardent Vox d’un mauvais œil.

Mais l’important n’est pas dans les jeux de pouvoir au sein du parlement andalou. Pour la première fois une droite des valeurs devient une alternative crédible en Espagne. L’an prochain, quand auront les élections européennes, régionales et municipales, il est possible que Vox transforme l’essai et qu’une authentique voix espagnole retrouve le droit à la parole.