Après des années de purgatoire médiatique et politique, le parti de droite dure Vox a enfin percé dans les élections espagnoles. Affrontant bille en tête le marxisme culturel, le féminisme toxique, la xénophilie maladive et autres obsessions de la gauche, le parti dirigé par le charismatique Santiago Abascal est sur le point de changer la donne en Espagne. Quelques unes de ses méthodes peuvent inspirer les Français.

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François Musseau a publié dans les colonnes de Libération un intéressant reportage sur Vox, le parti de droite forte issu du Parti populaire. Un aperçu de son reportage que nous vous invitons à lire en son entier dans les pages du quotidien de gauche.

Le parti d’extrême droite dirigé par Santiago Abascal surfe sur sa percée électorale en Andalousie et entend peser lors des échéances européennes et locales de mai. «Libé» a assisté à un meeting de la formation, dont les obsessions national-catholiques rencontrent un écho croissant dans le pays.

Dans le froid sec de la Plaza Jardincillo, il flotte dans l’air une sourde exaltation conquérante. Cela se sent à la façon dont les quelques centaines de personnes ayant répondu à l’appel, réparties en petits groupes, s’interpellent, se saluent, se congratulent. Les sourires et les coups d’œil complices transmettent l’optimisme de ceux qui se savent appelés à prendre de l’importance. Ce soir-là, la formation de droite radicale Vox, le mouvement politique qui accapare l’attention médiatique ces dernières semaines dans toute l’Espagne, débarque à Navalmoral de la Mata. Une bourgade anonyme et sans attrait d’Estrémadure, à deux heures de route à l’ouest de Madrid, et dont les 17 000 habitants vivent essentiellement de la centrale nucléaire d’Almaraz, que les autorités menacent de fermer prochainement. Juan Carlos Prieto, un des organisateurs, explique avec fierté : «C’est notre premier grand meeting dans un bourg de l’Estrémadure. Notre progression est rapide. Personne ne nous arrêtera.» Autour, trois jeunes militants, qui tiennent un stand décoré de drapeaux nationaux sang et or, et d’étendards verts (la couleur de Vox), acquiescent, les yeux brillants d’optimisme.

Le très télégénique Santiago Abascal est un jeune Basque dont la vie a été lourdement impactée par les menaces des terroristes de l’ETA qui ont persécuté sa famille. Elevé dans le giron du Parti populaire, il a quitté cette formation quand son président Mariano Rajoy a abandonné tout combat idéologique ou identitaire en capitulant en rase campagne devant la gauche médiatique et culturelle.

Mais trois événements ont changé la donne et montré qu’il allait désormais falloir compter avec une nouvelle force politique, destinée à durer et à bouleverser le jeu des alliances. Le référendum d’autodéterminationinterdit par Madrid qui s’est tenu en Catalogne le 1er octobre 2017 et qui a renforcé le sentiment patriotique dans le reste de l’Espagne. Le meeting du leader, Santiago Abascal, dans les arènes madrilènes de Vistalegre, en octobre 2018 (avec près de 13 000 personnes survoltées). Et enfin les élections de décembre où, contre toute attente, Vox a obtenu près de 400 000 voix et douze sièges (10,97 % des suffrages, alors qu’il n’avait récolté que 0,46 % en mars 2015), un résultat historique qui a obligé les deux autres formations de droite, Ciudadanos et le Parti populaire, à sceller une alliance afin de prendre le pouvoir régional et d’en finir ainsi avec un quart de siècle de bastion socialiste. Un séisme.

«Ce qui est indéniable, souligne le sociologue Enrique Gil Calvo, c’est que ce parti d’extrême droite a déplacé le curseur. Il lève des tabous, exprime tout haut des peurs et des fantasmes, revendique des choses que personne n’osait réclamer, et montre une décomplexion absolue vis-à-vis des vieilles marottes franquistes, que l’on pensait tombées dans les oubliettes de notre histoire.»Dans son paquet de «100 mesures» pour «revitaliser l’Espagne», Santiago Abascal et les siens réclament une politique drastique en matière d’immigration illégale (reconduction aux frontières de tous les illégaux, construction d’un mur en béton armé à Ceuta et à Melilla, les enclaves espagnoles au Maroc), à l’égard de l’islam (expulsion de tous les imams suspects, fin de l’enseignement de cette religion dans les écoles), à l’encontre de la sécessionniste Catalogne (exigence de mise sous tutelle par l’Etat), sur la question nationale (suppression des 17 parlements régionaux, réattribution à Madrid des questions de santé et d’enseignement, actuellement aux mains des régions), ou encore au sujet de la violence faite aux femmes (suppression des fonds consacrés aux victimes de la violence conjugale). «Autant de propositions qui montrent leur absence totale de scrupules et leur envie de secouer le cocotier espagnol comme jamais, analyse le politologue Fernando Vallespin. Grâce à son score en Andalousie, Vox s’est offert une fantastique campagne gratuite de marketing.»

D’origine cubaine, Rocio Monasterio est la candidate probable de Vox à la mairie de Madrid, la zone urbaine la plus importante d’Espagne. Jeune, dynamique et attractive, elle illustre bien la nouvelle génération de politique qui sont mobilisés par un discours de Vox à la fois libéral en économie et conservateur dans la défense de valeurs traditionnelles et de l’identité espagnole.

Cette soirée-là, à Navalmoral de la Mata, les sympathisants se sont entassés dans la salle d’Arcos de Baram, un restaurant typique décoré pour l’occasion en ce qui ressemble à un meeting de campagne. Sous des drapeaux espagnols, une estrade a été montée pour accueillir les orateurs. Auparavant, le public a pu entendre un hymne (Victory, du groupe Two Steps From Hell, «une musique épique», nous précise-t-on) et voir une vidéo hagiographique sur le mouvement («Tu en as assez de vivre parmi des traîtres ? Alors rejoins-nous : nous sommes l’honnêteté au temps de la corruption généralisée, l’orgueil d’être espagnol lorsque tous les autres partis se vendent à l’étranger»).

Après la harangue de plusieurs responsables locaux, la parole est à la personne la plus attendue, venue spécialement de Madrid. Alicia Rubio, membre du comité exécutif de Vox, est abondamment applaudie. En quelques semaines, cette écrivaine s’est imposée comme le chantre de la lutte contre les «féminazies». Sur l’estrade, elle proclame : «Ces associations féministes, qui reçoivent des aides millionnaires de l’Etat, sont devenues un cancer pour la société. Sous couvert de défendre la femme, elles attaquent l’homme, lui retirent ses droits, et se comportent comme des nazis suprémacistes !» Brune décomplexée, elle reconnaît vouer une grande estime à Marine Le Pen pour «sa capacité à défendre la souveraineté nationale contre l’élite mondialisée» et «son combat juste contre l’islamisme radical».

Des militants de Vox se réunissent devant le parlement espagnol pour exiger du gouvernement une reconnaissance du président par intérim du Venezuela. Au centre, l’avocat hispano-argentin Javier Ortega Smith qui est une des têtes pensantes du mouvement et notamment celui qui dirige l’offensive juridique contre les indépendantistes catalans, un initiative brillante qui a largement contribué au décollage électoral de Vox.

https://youtu.be/HZta1yQswSE

Avocat, brillant débatteur, Javier Ortega Smith s’est fait une spécialité de se jeter dans la gueule du loup. Faisant preuve d’un courage dont les politiques de droite sont en général privé, il porte le message antimarxiste de Vox dans les médias où il réussit à repousser les attaques des plus rabiques de ses adversaires comme dans cet extrait vidéo où il affronte une meute de féminazies et les met KO.

Outre les diatribes contre les «féminazies», «Manuel Valls le maçon», «les immigrés marocains» ou «les sécessionnistes catalans qui veulent détruire la grande nation espagnole», le ton est plutôt modéré. Dans les rangs de ces «conquérants», on tente de faire bonne figure, et d’apparaître comme raisonnable et à l’écoute de tous : «Ce qui me frappe, c’est que nos votants sont issus de toutes les couches sociales. Tous ont en commun un ras-le-bol profond. Le chômage, la peur de perdre son emploi, le sentiment d’être débordé par une immigration clandestine non régulée…» explique Yannis Pérez. Né à Aubervilliers d’un père qui avait émigré en France avant de revenir en Espagne à l’âge de 7 ans, il soigne son propos.

Pour ce technicien industriel, candidat à la mairie de Navalmoral, «il faut surtout en finir, comme le dit Alicia Rubio, avec la dictature des féministes. C’est un lobby mafieux. En Andalousie, par exemple, 42 millions d’euros ont été dépensés en pure perte, prétendument pour défendre les femmes. L’autre grand sujet est l’immigration marocaine. A Talayuela, pas loin de là, ils représentent la moitié de la population. Et pendant ce temps, plein de gens sans boulot partent faire les vendanges en France». Il oublie de préciser que beaucoup de ces Marocains se consacrent à la cueillette de l’ail ou du tabac dans des conditions qu’aucun autochtone n’accepterait. Pour les sympathisants de Vox, qu’importe : le nouveau parti grandit à toute vitesse, et ils lui prêtent un avenir radieux.

Vox manifeste son soutien aux fonctionnaires de la pénitentiaire, en première ligne dans le combat contre les islamistes et les terroristes de tout poil.

Retrouvez le reportage de François Musseau dans son intégralité dans les colonnes de Libération en cliquant ici. C’est une bonne illustration de la compatibilité entre le bon travail d’un professionnel de l’information et l’engagement partisan. Bravo à François Musseau.

Photos CC de Vox et Citizen GO via Flickr.

 




La France Rebelle suit de près l’actualité de Vox. Voici notre premier post sur ce parti qui monte, qui monte…