La gauche a longtemps refusé d’admettre le fait racial comme un facteur essentiel de l’identité humaine et à ce titre a ouvert en grand les vannes de l’immigration. Aujourd’hui elle en paye les conséquences. La France aussi.

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Manuel Boucher est professeur des universités en sociologie à l’université de Perpignan Via Domitia. Ses travaux bien connus des spécialistes portent sur les désordres urbains et leur régulation ; les transformations de l’intervention sociale, l’ethnicisation et la racialisation des relations sociales. Avec son dernier livre, il vient le lancer une véritable bombe sur la gauche bobo des centre-ville et des quartiers chics.

Dans son livre, la Gauche et la race, il se demande comment est-il possible qu’une partie de la gauche reprenne à son compte un vocabulaire racialiste et culturaliste, celui de la distinction entre « Blancs », « Noirs » et « Musulmans » contraire aux idées humanistes et universalistes au coeur des combats de la gauche ?

Sans le savoir, la gauche ne reprend-elle pas le discours différencialiste, théorisé et popularisé par la Nouvelle Droite d’Alain de Benoist et diffusé auprès du grand public par l’équipe de la revue éléments ?

Cette prise encore compte militante par la gauche de la question raciale dans une société française où la présence croissante de minorités raciales, imperméables au discours culpabilisant post 1945, ne signifierait-elle pas la fin d’un chapitre idéologique symbolisé par l’effacement du mot « race » de la constitution de 1958 ?

En reconnaissant la grille de lecture raciale mobilisée par les militants postcoloniaux dans les luttes contre les oppressions et dominations, la gauche ne participe-t-elle pas à remettre en question son identité rendant celle-ci aveugle à la diversification des formes d’autoritarisme et d’identitarisme au sein des sociétés multiculturelles ?

Cette transformation progressive de la gauche classiste en gauche racialiste est du pain béni pour les mouvements identitaires qui trouvent désormais face à eux un mouvement politique de défense des non natifs qui partage un même constat : nous sommes ce que nos gènes et notre enracinement font de nous.

Cette racialisation de la vie politique française devient visible chaque jour. Le mouvement des gilets jaunes est massivement un mouvement de Natifs. Les pilleurs et les casseurs qui passent après sont davantage le fait de populations non natives.

Laurent Joffrin, un des plus beaux exemples de cette gauche pleureuse et couineuse qui nous a valu les lois antiracistes qui pourrissent notre quotidien et dégradent la liberté d’expression, un de ces hommes de média qui a largement contribué à faire de la France un désert pour toutes les questions concernant les peuples humains, les ethnies et l’identité génétique, a publié une tribune dans Libération où il chougne sur cette gauche qui ne joue plus le jeu et qui ose affirmer qu’un Blanc et un Noir ce n’est pas la même chose.

Extraits :

La lutte des races va-t-elle remplacer la lutte des classes ? Pour dénoncer cette sinistre perspective, Manuel Boucher, professeur de sociologie à Montpellier, publie un livre utile. Au moment où la lutte des classes, justement, ressuscite de manière spectaculaire aux carrefours des routes, il réfute de manière claire les thèses de cette gauche «décoloniale», très minoritaire mais très bruyante, qui prétend, à toute force, ramener à la division ethnique l’ensemble des conflits qui traversent la société française.
Manuel Boucher est un universitaire et militant de gauche, proche de l’école tourainienne illustrée notamment par Michel Wieviorka, même s’il revendique aussi des influences «marxiennes» et des tropismes libertaires. Il a lui-même mené le combat antiraciste dans son jeune temps, et puise dans son expérience autant que dans le savoir académique.
Appuyée sur les «études postcoloniales» menées dans le monde depuis l’œuvre pionnière d’Edward W. Said, la gauche décoloniale stigmatise la persistance des préjugés et des schémas coloniaux dans nos sociétés pour critiquer leur rôle dans la condition faite aux minorités issues des anciens pays colonisés. Jusque-là, rien que de légitime et tout antiraciste conséquent aboutira aux mêmes constats.
Ce qui cloche, c’est la théorisation systématique et arbitraire de ces réalités, effectuée par cette gauche «ethnicisante» pour lire les conflits contemporains. Plutôt que de s’en tenir à la tradition universaliste qui fonde la lutte pour l’égalité des droits et des conditions, la gauche décoloniale la rejette comme «blanche», au profit d’une vision essentiellement communautaire, culturelle et même raciale des démocraties (comme si le racisme était le monopole des démocraties occidentales, ce qui est pousser loin le simplisme).
C’est ainsi que ces intellectuels et ces militants, situés en général à l’extrême gauche, prônent la réunion en un bloc des «minorités non-blanches» qui prendraient, en quelque sorte, la place mythologique naguère occupée par le prolétariat industriel dans le projet émancipateur.

Avec l’apparition d’une gauche racialiste, les identitaires trouvent enfin un adversaire à leur mesure. Ici une conférence de presse de Génération identitaire en 2013.

Comme cette catégorie raciale est quelque peu gênante pour des militants de gauche, on a inventé une novlangue destinée à apposer une étiquette nouvelle sur les mêmes groupes. Ainsi, on ne parlera pas de «Noirs» ou «d’Arabes», comme le font usuellement des xénophobes ou les distraits, mais de minorités «racisées». On ne fustigera pas directement «les Blancs», mais on mettra en avant le subtil concept de «blanchité», censé désigner non une couleur (?), mais une construction sociale. Byzantinisme sémantique qui voile en fait une conception tout aussi essentialiste et raciale de la vie en société et qui revient à désigner exactement les mêmes personnes, les «minorités visibles», à l’aide d’un vocabulaire sophistiqué et bien-pensant.
(…)
Au bout du compte, montre Manuel Bouchet, ces thèses qui ressortissent, selon le mot de Frantz Fanon, du «racisme antiraciste», ont pour but d’importer en France le modèle multiculturaliste des pays anglo-saxons (dont on constate chaque jour les formidables réussites dans l’Amérique de Donald Trump…), sur fond de guerre civile froide entre communautés hostiles. Perspective dangereuse pour Bouchet, pour qui seul l’universalisme des droits humains fournit une base solide à la lutte antiraciste et qui conclut ainsi sa patiente et précise démonstration : «Combattre les processus d’oppression sociale, économique, culturelle et raciste ne peut en aucun cas s’accorder avec des logiques populistes tiers-mondistes et racialistes sous peine d’alimenter le cercle vicieux des haines identitaristes.» On ne saurait mieux dire.

Photos CC de Jeanne Menjoulet et de Novopress info via Flickr. Retrouver la tribune de Laurent Joffrin dans les colonnes de LIbération en cliquant ici et un article de Manuel Boucher en cliquant ici.