Alain Houpert, sénateur LR de la Côte-d’Or, revient dans cette interview avec Boulevard Voltaire sur la gestion par le gouvernement de la crise du Covid-19 mais aussi sur Discovery, grand essai clinique européen lancé le 22 mars à travers 7 pays européen mais qui jusque là n’apporte rien de probant.
On attendait les résultats de cet essai européen destiné à trouver un traitement. On attendait une collaboration de plusieurs pays européens, mais pour l’instant il n’y a que la France et éventuellement le Luxembourg. Cette grande initiative vantée par Emmanuel Macron devait rendre des résultats le 14 mai, mais elle semble pour l’instant vouée à l’échec. Sait-on pourquoi ?
C’est un fiasco organisé. J’ai l’impression qu’on fait tout pour diaboliser le professeur Raoult. Il est applaudi tous les soirs à Marseille. Aucun marseillais n’a à se plaindre de l’institut créé pour le professeur Raoult. Il est d’ailleurs le seul en France à traiter et à cultiver des souches de virus. Je suis sénateur de la Côte d’Or et on dit à la campagne que lorsqu’on veut tuer son chien, on l’accuse d’avoir la rage. C’est un peu le sentiment que j’ai sur ce genre d’étude. Quand le professeur Fleming a inventé la pénicilline, il n’avait pas fait d’étude. La découverte de la pénicilline a permis de soigner des milliards de gens sur la planète. Pasteur avait osé injecter le virus de la rage à un petit Alsacien pour le sauver. Le président de la République a dit que nous étions en guerre. Nous ne sommes pas en guerre. C’est un combat contre le virus. Si on était en guerre, on oserait tout.
Cette aventure sanitaire me choque, je dis aventure, car elle a été pilotée avec un amateurisme profond.
On rappelle que le protocole Discovery devait-être une initiative européenne. L’Espagne et l’Italie ont choisi de suivre le protocole solidarité coordonné par l’OMS. Le Royaume-Uni a quant à lui décidé de mettre au point son propre protocole. On est vraiment sur des initiatives nationales comme si l’Europe ne rassurait pas et que chacun préférait s’en remettre à ses propres forces.
L’Europe est une mosaïque et elle le montre beaucoup. En Europe, tout est fait n’importe comment. En général, il y a un esprit nationaliste qui dit « mon traitement et mon attitude sont les meilleurs ». Entre médecins libéraux et médecins hospitaliers, nous ne communiquons pas par réseaux sociaux, mais plutôt par SMS. En tant que parlementaire, je suis toujours médecin et je reçois des SMS de collègues. Dans le monde entier, on prescrit de la chloroquine associée à du Zythromax. Je ne me pose pas de questions là-dessus. Il faut oser faire une étude après avoir eu 24 000 morts. C’est compliqué.
Un traitement à l’hydroxyde chloroquine et l’azithromycine coûte 14 euros.
Regardons les patients traités par Plaquenil. Ce fameux Plaquenil est prescrit à des millions de personnes. On a soudain découvert qu’il y avait des torsades de pointes. Aucun de ces patients traités pour des lupus érythémateux pour des polyarthrites n’a eu d’électrocardiogrammes, et aucun n’a eu de complications.
Nos dirigeants regardent le mode d’emploi des médicaments pour voir la liste des complications. La liste des complications est très longue, parce qu’il faut se protéger et parce qu’il y a ce principe de précaution. Si actuellement, on découvrait l’aspirine, on ne pourrait pas la mettre sur le marché parce qu’elle aurait trop de complications, alors que c’est un médicament exceptionnel. Ce médicament a été découvert par les Égyptiens. Nous l’avons redécouvert à l’acide salicylique. Ensuite, l’aspirine a été découverte par un chimiste allemand. Elle a sauvé de nombreuses personnes ne serait-ce que sur le plan cardio vasculaire. L’aspirine fluidifie le sang et c’est le meilleur antiagrégant plaquettaire. C’est un bon anti-inflammatoire. Ce médicament est merveilleux, mais comme tous les médicaments, et comme disait un grand médecin de l’antiquité, la dose fait le poison.
Le site d’information Vidal, site de référence pour les professionnels de santé a rappelé que le Plaquenil qui était en distribution libre est soumis aujourd’hui à prescription médicale depuis janvier 2020. Cette concordance de date est assez curieuse dans la mesure où en janvier l’épidémie de Covid-19 n’était qu’une gripette…
Je ne suis pas au courant. En revanche, je suis au courant du fameux décret du 25 mars qui interdit aux médecins de prescrire. Une association de médecins s’est constituée. C’est la première fois depuis l’Antiquité, depuis Hippocrate qu’un gouvernement de dirigeants impose et dit aux médecins ce qu’il faut faire. Un médecin est là pour soigner. Actuellement, on dit aux gens que cette maladie n’est pas grave et que le seul traitement est le Doliprane. C’est impossible. Un médecin ne peut pas dire ces propos à ses patients.
À la campagne, on dit souvent que c’est après la foire que l’on ramasse les bouses. C’est après l’épidémie que l’on va tirer des conclusions et que l’on saura vraiment les choses. À ce moment-là, il y aura des responsables qui je l’espère seront déclarés coupables de leur non-agissement, d’avoir freiné et d’avoir obligé le médecin de ne pas prescrire la chloroquine. Il va falloir tirer des conclusions à ce niveau-là. En tant que parlementaire, je peux vous dire que l’on va garder le seul espace de liberté parlementaire. Nous ne sommes pas sous la férule d’un quelconque gouvernement et notre calendrier électoral est totalement différent du calendrier de l’exécutif. Nous allons faire une commission d’enquête et aller jusqu’au bout des choses. Il faut faire en sorte que les gens décédés de cette maladie par des impérities politiques aient un signe de reconnaissance, qui est la reconnaissance de la responsabilité de personnes qui n’auront pas fait les choses.