Amazon n’est pas populaire dans les médias. On l’accuse de tuer les petites librairies et d’être à l’origine de la mort du petit commerce de centre-ville. Et si la vérité était très différente ? Et si Amazon était le meilleur garant de notre liberté de pensée ?

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Philbert Carbon a publié sur le site de l’IREF une intéressante tribune en défense du géant américain de l’ecommerce Amazon. Nous vous en présentons des extraits.

Un point semble toutefois avoir échappé à ce plaidoyer en faveur d’Amazon. Son rôle dans la garantie de la diffusion de la pensée.

 

Toute personne familière avec les questions liées au débat d’idées sait à quel point celui-ci est restreint en France par la guerre culturelle imposée par le marxisme et les tenants des différentes orthodoxies qui l’ont en partie remplacé : idéologie du genre, lobby homosexuel, antiracistes, droits de l’hommistes, etc.

Avant l’entrée d’Amazon sur le marché français, il était très difficile à un éditeur alternatif de trouver un public pour ses auteurs.

Les diffuseurs ne les acceptaient pas en raison d’un chiffre d’affaires insuffisant et les librairies les boycottaient pour des raisons idéologiques.

Le cas de la Fnac a longtemps été emblématique. Les acheteurs de cette chaîne boycottaient les maisons d’édition dont les idées n’allaient pas dans le sens de la bien-pensance. Quand un livre s’imposait malgré tout, on pouvait le trouver à condition de le demander.

Avec Amazon tout a changé. Désormais, il n’y pas une censure aussi forte et aussi flagrante, tout le monde a sa chance. Alain de Benoist, un des intellectuels de droite les plus importants, a été chassé de France Culture, du Figaro et de l’ensemble des médias en règle générale, mais il a sa propre boutique sur Amazon.

 

Voii un extrait de la tribune de Philbert Carbon.

 

Un marché du livre qui marche sur la tête

Commençons par quelques chiffres sur le marché du livre en France. Celui-ci est relativement stable sur dix ans, puisqu’il a perdu 4 % en volume entre 2007 et 2016. Bien sûr, selon les secteurs de l’édition, les chiffres sont contrastés. Ainsi, les ventes de dictionnaires (- 38 %), de cartes et atlas (-31 %), de livres scolaires (-30 %), chutent-elles de façon importante. Au contraire, certains segments progressent : loisirs et vie pratique (+ 16 %), jeunesse (+15 %), histoire (+ 4 %), bandes dessinées (+ 3 %). En 2017, le volume des ventes a reculé de 1 % (et de 1,2 % en 2016). Le marché est donc plutôt morose.

En 2017, plus de 80 000 livres ont été édités en France (+ 4,2 % par rapport à 2017), dont plus de 68 000 nouveautés et nouvelles éditions. Dans cette production considérable, quelques ouvrages seulement connaissent un tirage exceptionnel. En 2017, « Astérix et la Transitalique » s’est vendu à 1,6 millions d’exemplaires, loin devant les ouvrages primés. Le Goncourt des lycéens s’est vendu à 443 000 exemplaires, le Goncourt à 398 000, le Renaudot à 220 000, le Femina à 83 000. Quelques auteurs tirent aussi les ventes, comme Guillaume Musso (1,5 million de livres vendus en 2017), Raphaëlle Giordano (1,1 million), Michel Bussi (931 000), ou encore Marc Levy (762 000).

Les best-sellers sont quelques arbres qui cachent la forêt de livres. En effet, en 25 ans le nombre de nouveaux titres a été multiplié par 2. Et si le tirage moyen d’un livre est d’un peu de plus de 5 000 exemplaires, certains ne sont vendus qu’à quelques unités puisque le nombre de titres différents disponibles en 2017 était de 775 000.

Le fait est que de plus en plus d’ouvrages ne sont vendus qu’à très peu d’exemplaires. Les livres dont les ventes annuelles sont inférieures à cent exemplaires expliquent plus de 90 % de la progression du nombre de références vendues sur le marché de l’édition au cours de la dernière décennie, et ceux dont les ventes ne dépassent pas le seuil des dix ventes expliquent, à eux seuls, plus des deux tiers (68 %) de cette même progression.

Mais comment pourrait-il en être autrement alors que le marché de l’édition produit chaque année davantage de références et que les ventes stagnent, voire régressent ?

Les ouvrages vendus à plus de 100 000 exemplaires sont au nombre de 120 à 130, tandis que ceux vendus en très petite quantité sont toujours plus nombreux. Cette croissance des livres à faible audience s’explique en partie par l’augmentation continue du nombre d’éditeurs. En dix ans, le nombre de petits éditeurs a progressé de 50 %. Cette tendance ne semble pas près de s’arrêter. Elle est même renforcée par le numérique qui facilite l’édition et l’autoédition.

Cette production pléthorique, qui conduit un livre sur quatre au pilon, n’est pas sans poser des questions. Parmi celles-ci, deux nous intéressent particulièrement : comment le consommateur peut-il être informé de la production éditoriale ? Et comment trouve-t-il les ouvrages dont il a entendu parler ?

 

Les grandes librairies traditionnelles ont perdu du terrain en raison de la censure qu’elles pratiquent sur les livres de droite.

 

La multiplication des références favorise le commerce en ligne

Selon un chiffre qui date de 2014, les médias avaient parlé d’un peu plus de 15 300 livres, soit moins de 20 % des livres édités. Une grande majorité de livres passe donc inaperçue du public.

Un autre moyen de découvrir des ouvrages est de se rendre dans une librairie ou un autre point de vente de livres. La France en recense 25 000 sur son territoire. Les plus grandes librairies proposent environ 50 000 références. Une librairie moyenne consacrant 100 m2 aux livres ne présente que 15 000 références. Et nombre de points de vente comptent beaucoup moins de références, ne disposant, telles les maisons de la presse et les kiosques, que de toutes petites surfaces.

Les librairies, avec 22 % des ventes en 2017, occupent la deuxième place. La première est tenue par les grandes surfaces culturelles spécialisées (25,5 % des ventes). À la quatrième place, on trouve les grandes surfaces non spécialisées (19 %), c’est-à-dire les super et hypermarchés qui ont un rayon livres relativement réduit.

On ne s’étonnera pas alors de trouver à la troisième marche du podium, avec 20 % du marché, les ventes par internet. Car c’est, a priori, l’endroit où l’on peut trouver le plus grand nombre des ouvrages censés être disponibles à la vente.

Prenons l’exemple d’un Français qui entend parler d’un ouvrage à la radio le matin alors qu’il se rase. Il est intéressé et il note rapidement la référence sur un bout de papier. Lorsqu’il fait ses courses au supermarché, il n’a pas le papier sur lui et ne souvient plus du titre. De toute façon, le choix est pauvre. « Le mieux, se dit-il, est d’aller en librairie ». Il projette de se déplacer spécialement dans la librairie la plus proche de chez lui le samedi suivant. Mais les manifestations de « gilets jaunes » lui font renoncer à son projet. A votre avis, que fait le lecteur, habitué désormais à avoir tout tout de suite ? Il commande sur internet, pardi ! Et encore s’agit-il là d’un ouvrage médiatisé. S’il s’agit d’un livre qu’on lui recommande, d’un auteur et chez un éditeur inconnus, il ira sur le web directement.

Muriel Pénicaud, ministre du Travail, a déclaré sur France Inter, à propos des « gilets jaunes », qu’« on est en train d’enrichir les plateformes américaines, type Amazon, et pendant ce temps on tue les petits commerces qui sont déjà en mode survie depuis quelques semaines ». Des propos que confirme, à demi-mots, Muriel Beyer, directrice générale adjointe du groupe Humensis (PUF, Belin) qui déclarait au Figaro : « Les chiffres de l’édition n’étaient déjà pas excellents avant le mouvement, et il est évident que les « gilets jaunes » n’ont pas arrangé les choses. Les gens ne vont pas beaucoup en magasin, et donc en librairie, alors que la période de Noël est très importante pour l’édition ».

Retrouvez l’intégralité de la tribune de Philbert Carbon en cliquant ici.
Photos DR et CC via Flick d’ActuaLitte.