Les végans ne sont pas de gentils citoyens qui veulent protéger les animaux. Ils cherchent à modifier la nature en éliminant la prédation. Un hallucinant projet qui dépasse en folie les pires délires du communisme au XXe siècle.

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Il n’y a rien de pire que la haine vertueuse. Celle d’un Carrier à Nantes qui tue par noyade tous ceux qui s’opposent à l’idée de « Liberté ». Celle d’un Staline qui tue d’une balle dans la nuque des milliers d’officiers polonais qui s’opposent à la naissance d’un « homme nouveau ». Aujourd’hui, les plus beaux représentants de cette haine vertueuse sont les militants les plus radicaux du véganisme.

Loin de se limiter à quelques bobos en goguette qui refusent de manger de la viande, qui protestent contre les femmes qui portent de la fourrure ou qui manifestent contre la corrida, les végans portent en eux le projet d’une révolution aux conséquences potentiellement incalculables.

Le véganisme soft se diffuse dans les médias par des articles en apparence anodins comme celui-ci du Daily Mail qui explique  que l’on peut obliger ses animaux domestiques à changer de régime alimentaire et à devenir végétariens.

Les végans ne cherchent pas à se changer eux-mêmes en adoptant des modes de vie et de consommation qu’ils estiment plus vertueux.

Leur but est de changer le monde vivant dans son ensemble par tous les moyens, y compris par la contrainte.

Ils comment par ce qui leur est le plus accessible, les autres humains. Les moyens les plus discrets passent par l’influence sociale, comme diffuser le modèle de ces « vedettes » qui renoncent à manger du poisson ou de la viande le lundi ou bien encore celles qui obligent leurs animaux domestiques à manger uniquement des végétaux. Ensuite, ils s’attaquent aux fromageries ou aux boucheries parce qu’ils commercialisent des produits animaux.

En revanche, ils se gardent bien de s’attaquer aux boucheries halal car pour la gauche et l’extrême-gauche violente, les musulmans sont intouchables.

 

Ce sont toujours des objectifs nobles et ambitieux qui sont mis en avant : sauver la planète. La réalité derrière ce mur des bonnes intentions est toute autre.

Les végans ont une autre idée en tête, c’est d’imposer au monde vivant la fin de la prédation. Interdire à un être vivant d’en tuer un autre pour le manger. La dimension anthropocentriste de ce délire est assumée par les penseurs végans qui inspirent le mouvement.

Est assi assumée la nécessité de la violence pour atteindre ce but.

 

Parée de bons sentiments, l’usage de la violence est une des composantes du véganisme.

Chose étonnante pour un média conformiste et porte-voix de la bien-pensance, le Monde a publié une remarquable tribune du politologue Paul Ariès qui dévoile les sinistres secrets des végans.

En voici qulques extraits.

Le véganisme a été promu en 2018 phénomène de l’année par diverses revues. Il est essentiel que l’année 2019 soit celle où les yeux commencent à s’ouvrir ! Le véganisme n’est pas seulement une production d’alimentation farineuse mais une machine à saper l’humanisme et à tuer une majorité d’animaux. C’est pourquoi je ne suis pas antivégans pour défendre mon bifteck mais l’unité du genre humain et la biodiversité bien au-delà de mon assiette.

J’accuse les végans de cacher leur véritable projet qui n’est pas simplement de supprimer l’alimentation carnée, simple goutte d’eau dans l’ensemble de la prédation animale, mais d’en finir avec toute forme de prédation, en modifiant génétiquement, voire en supprimant, beaucoup d’espèces animales, sous prétexte que n’existerait pas de viande d’animaux heureux et que les animaux sauvages souffriraient bien davantage et en plus grand nombre que les animaux d’élevage ou domestiques. Le fond du problème à leurs yeux n’est pas la consommation de produits carnés mais la souffrance animale ; or cette dernière étant inhérente à la vie, il faudrait réduire le vivant, en vidant, par exemple, les océans, car il ne serait plus possible de laisser encore les gros poissons manger les petits, ou en empêchant un maximum d’animaux de naître.

La dimension révolutionnaire est indissociable du véganisme. Comme les bocheviks, ou les maoistes, les végans veulent créer un homme nouveau dans une nature nouvelle. Même au prix d’une dictature imposée par la brutalité et le terrorisme.

J’accuse les végans de mentir en faisant croire au grand public qu’ils seraient des écolos et même des superécolos, alors qu’ils haïssent l’écologie et les écologistes, puisque les écolos aiment la nature et qu’eux la vomissent, car elle serait intrinsèquement violente donc mauvaise. David Olivier, un des pères des Cahiers antispécistes, signait, dès 1988, un texte intitulé « Pourquoi je ne suis pas écologiste ». Il confirme en 2015 : « Nous voyons l’antispécisme et l’écologisme comme largement antagonistes. »

Peter Singer, considéré comme le philosophe le plus efficace de notre époque, et ses comparses Tom Regan et Paola Cavalieri le confirment : l’écologie n’est pas soluble dans l’antispécisme et les écolos dupés sont des idiots utiles ! Le véganisme refuse tout simplement de penser en termes d’espèces et d’écosystèmes pour ne connaître que des individus (humains ou non humains). Le prototype de la ferme bio a toujours été une ferme polyvalente liant agriculture et élevage, faute de fumier, il ne reste aux végans que les engrais chimiques, sauf à accepter une baisse drastique de la population humaine.

La couleur rose est trompeuse. Les végans sont prêts à la violence contre ceux qui ne partagent pas leur utopie anti prédation car ils sont porteurs d’un projet qu’ils croient vertueux.

Apprentis sorciers

La biodiversité n’a aucune valeur en soi, dixit la philosophe Julia Mosquera. D’autres théoriciens du mouvement, comme Brian Tomasik, estiment que mieux vaudrait encourager la pêche intensive détruisant les habitats marins, Thomas Sittler-Adamczewski demande de soutenir les lobbies pro-déforestation, Asher Soryl suggère d’éviter d’acheter des produits biologiques, puisque l’agriculture productiviste est plus efficace pour réduire le nombre d’animaux, et d’éviter de combattre le réchauffement climatique car il réduirait l’habitabilité de la planète pour les animaux. Ces mêmes végans conséquents clament que les droits des animaux sont antinomiques avec ceux de la nature.

J’accuse les végans de prendre les gens pour des idiots lorsqu’ils se présentent comme de nouveaux humanistes alors que l’humanisme reste leur bête noire, puisque, selon eux, responsable du spécisme envers les autres espèces animales, alors que toute leur idéologie conduit à déplacer les frontières entre espèces et à clamer, avec leur principal théoricien Peter Singer, que les nourrissons, les grands handicapés, les personnes âgées très dépendantes ne sont pas des personnes, que ces individus n’ont pas, au sens propre, de droit à la vie, qu’un chiot valide est plus digne qu’un grand handicapé, que tuer un nourrisson est moins grave que sacrifier un grand singe.

L’utopie végane consiste à imaginer une nature d’où la prédation serait absente. Pour y parvenir, ils sont prêts à l’imposer par la violence.

 

Trier l’ensemble des animaux (humains ou non) en fonction d’un critère quelconque (caractère « sentient ») revient toujours à recréer la hiérarchie. Proclamer l’égalité animale c’est signifier que certains animaux seront plus égaux que d’autres, donc que certains humains seront moins égaux que d’autres humains et même que certains animaux non humains.

J’accuse le véganisme d’aboutir à un relativisme éthique dès lors qu’il introduit la notion de qualité de vie pour juger de la dignité d’un handicapé, d’une personne âgée dépendante, dès lors qu’il banalise la zoophilie à la façon de Peter Singer, lequel dans son fameux « Heavy Petting » défend certaines formes de rapports sexuels entre humains et animaux, évoquant des contacts sexuels mutuellement satisfaisants. Ce sont ces mêmes végans qui se prétendent les champions toutes catégories de l’éthique face à des mangeurs de viande diaboliquement immoraux.

L’extrême-gauche violente s’est en partie recyclée dans l’antiracisme et désormais dans le véganisme notamment dans son volet, très populaire auprès des bobos, des droits des animaux.

J’accuse les végans d’abuser celles et ceux qui aiment les animaux et s’opposent avec raison aux mauvaises conditions de l’élevage industriel car, comme le clame Tom Regan, le but n’est pas d’élargir les cages mais de les vider. Ils s’opposent donc à tout ce qui peut adoucir le sort des animaux puisque toute amélioration serait contre-productive en contribuant à déculpabiliser les mangeurs de viande, de lait, de fromages, les amateurs de pulls en laine et de chaussures en cuir et retarderait donc l’avènement d’un monde totalement artificiel.

J’accuse les végans d’être des apprentis sorciers qui, non satisfaits de vouloir modifier génétiquement les espèces animales et demain l’humanité, s’acoquinent avec les transhumanistes comme David Pearce. Il s’agit non seulement de corriger les humains, mais de corriger tous les autres animaux. Les chats et chiens carnivores sont qualifiés de machines préprogrammées pour tuer. Ce qui est bon pour un animal (humain ou non humain) serait donc de disparaître en tant qu’animal, pour aller vers le posthumain, le chien cyborg. Le chat végan n’est qu’un produit d’appel de ce paternalisme technovisionnaire. Pearce ajoute que tout désir de préserver les animaux (humains compris) dans l’état « sentient » actuel serait du sentimentalisme malavisé.

Les végans s’emparent de thèmes touchant le grand public pour frapper l’opinion et faire avancer leur cause.

J’accuse les végans de mentir et de le faire sciemment. Brian Tomasik ne cache pas la dissimulation nécessaire : « Il est peut-être dangereux d’évoquer la cause des animaux sauvages avant que le grand public ne soit prêt à l’entendre. »Abraham Rowe, un autre théoricien de l’antispécisme, surenchérit : quand vous vous adressez au grand public, évitez de plaider pour la déforestation, évitez de parler d’élimination de masse des prédateurs, évitez de parler des programmes consistant à tuer des animaux.

Le véganisme est une pensée racoleuse mais glissante, car elle ouvre des boulevards aux idéologies les plus funestes mais terriblement actuelles. Le grand mystère de l’anti-anthropocentrisme végan proclamé est de déboucher sur un hyperanthropocentrisme transhumaniste nourri de fantasmes de toute-puissance.

Paul Ariès est aussi l’auteur de « Lettre ouverte aux mangeurs de viande qui désirent le rester sans culpabiliser », Larousse, 180 pages, 9,95 euros

Retrouvez le texte intégral de la tribune de Paul Ariès dans le Monde en cliquant ici.
Photos DR et CC d’Ian Sane, Jovan J, Sam Chills, Stephen Poff, Banalities, Brocco.