Les ors de la République ne sont pas un vain mot. Face à une France appauvrie qui se révolte, les scandaleux traitements des privilégiés de l’Etat, protégés par une omerta insupportable, sont une insulte difficilement supportable.

Quand le salaire de Chantal Jouanno a été dévoilé, 14 666 €, sa position est devenue intenable à la tête  de la Commission nationale du débat public.

Le journaliste à la Croix Pascal Charrier avait recueilli les propos de Vincent Jaubert auteur de l’ouvrage les Intouchables de l’Etat :

Je n’ai pas à juger du montant du salaire de Chantal Jouanno. Ce que je peux dire, c’est qu’elle fait partie des hauts fonctionnaires les mieux payés, sans être dans le « top ». Elle gagne à peu près comme le président de la République. Or, il y a 600 hauts fonctionnaires qui gagnent plus que le président, notamment à Bercy et au Quai d’Orsay. Le plus gros salaire est celui du patron de la Banque de France qui atteignait les 350 000 € brut par an quand j’ai écrit mon livre, plus 100 000 € pour être membre du conseil d’administration de la Banque des règlements internationaux. La Commission nationale du débat public que préside Chantal Jouanno est une autorité administrative indépendante. Ces hautes autorités sont très souvent dirigées par des hauts fonctionnaires. C’est le cas de Chantal Jouanno, qui est énarque. Il en existe une vingtaine aujourd’hui et leurs présidents gagnent parfois plus qu’elle. Mais celui de la Haute Autorité pour la transparence pour la vie publique touche moins, soit 8 000 €.

Le problème est plus général. Il se pose aussi pour les salaires des patrons des établissements publics à caractère industriel et commercial, les Epic, pour les patrons d’administration centrale et de toutes les agences publiques diverses et variées. Selon les cas, leur salaire peut être fixé par le directeur du budget, avec parfois le président de la République qui jette un œil. Cela peut se concrétiser par un arrêté du budget ou par un décret. Pour le reste, c’est l’administration qui décide du montant.

Il y a clairement un problème de transparence. Pour publier les 150 plus gros salaires de Bercy, j’ai consulté un document sur lequel était marqué « confidentiel ». C’était une enquête comme celle que j’ai pu faire sur les services spéciaux. Le Quai d’Orsay, par exemple, est obsédé par le secret le plus absolu sur le sujet. Dans mon livre, je parle également de véritables « fromages » que l’on se partage. Loin de moi l’idée de dire que ces gens ne travaillent pas. Mais il y a quand même quelques belles planques… Des hauts fonctionnaires se répartissent des « ménages », comme ils les appellent entre eux au Conseil d’État, en étant soit président, soit membre des collèges des hautes autorités.

Ce sont des fonctions relativement bien payées et qui permettent de faire autre chose en même temps, en cumulant avec son salaire. À part l’Union soviétique, je ne vois pas un pays où ce système ait été autant développé. On a vraiment affaire à une nomenklatura, avec de hauts fonctionnaires membres des grands corps d’État qui trustent les postes. Il est temps de mettre les choses à plat. Si on dit qu’on est dans une période insurrectionnelle avec les gilets jaunes, on peut aussi dire qu’on est face à une aristocratie d’État qui a, qu’on le veuille ou pas, certains privilèges.

Un livre indispensable pour comprendre le profond dysfonctionnement de la fonction publique qui pressure les Français à son profit.

Le quotidien Libération a choisi de dévoiler quelques unes des rémunérations :

Président de la République Emmanuel Macron touche 13 884 euros net par mois, contre 19 721 euros pour Nicolas Sarkozy, qui s’était augmenté de 140 %, et 13 764 euros net pour François Hollande, qui avait fait baisser son salaire de 30 %. Incongruité actuelle : avec 15 000 euros net mensuels, le secrétaire général Alexis Kohler est mieux payé que le chef de l’Etat.
Gouverneur de la Banque de France : L’institution bancaire a dévoilé en 2017 le salaire grassouillet de son gouverneur, François Villeroy de Galhau : 285 538 euros brut par an auxquels s’ajoutent une indemnité de logement confortable de 5 653 euros par mois… ainsi qu’une enveloppe annuelle de 46 500 euros qui lui est versée en tant qu’administrateur de la Banque des règlements internationaux (BRI). Au total, son salaire culmine à 37 580 euros brut mensuels.
Ambassadeur à Kaboul Résidence gardée comme une forteresse, véhicule blindé, escorte armée et gilet pare-balles de rigueur, le poste d’ambassadeur en Afghanistan n’est pas une sinécure. Mais le Quai d’Orsay sait motiver ses diplomates exposés : David Martinon touche près de 30 000 euros net par mois.
Vice-président du Conseil d’Etat A 65 ans, Bruno Lasserre a quitté la présidence de l’Autorité de la concurrence pour piloter la plus haute juridiction administrative. Un poste qui couronne sa carrière de conseiller d’Etat et lui assure une augmentation : 16 170 euros net mensuels contre 14 800 euros précédemment.
Président du directoire de la Société du Grand Paris. Bien mieux loti que nombre de ses homologues d’établissements publics, Thierry Dallard reçoit par an un fixe de 300 000 euros brut, et d’une part variable sur objectifs, pouvant aller jusqu’à 60 000 euros par an.
Président du conseil d’administration de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie Ex-porte-parole du candidat Macron, Arnaud Leroy, a été nommé en mars. Son salaire se compose d’un fixe de 130 000 euros brut, et d’un variable de 26 000 euros maximum par an.
Président de l’Etablissement public de la réunion des musées nationaux et du Grand Palais Nommé en novembre, Chris Dercon bénéficie d’«une part fonctionnelle» de 120 000 euros brut, et d’un «complément personnel» de 42 000 euros et une part variable de 30 000 euros maximum par an.

Retrouvez le dossier publié par Libération en cliquant ici.
Photo CC de Stefano via Flickr.

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